Ouvrez les portes des EHPAD !
EHPAD=Prison ?
Les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) sont-ils assimilables à des prisons ? C’est la question qu’avait posé Jean-Marie Delarue en 2013. Alors Contrôleur Général de Lieux de Privation de Liberté, il proposait d’inclure les EHPAD dans son champ de compétences. Et son interrogation n’est pas si absurde quand on sait que seuls un quart des résidents entre en maison de retraite à leur demande.
Mais plus que le « placement » en maison de retraite, c’est le caractère clos du lieu qui le fait ressembler à une prison. En effet, de nombreux EHPAD n’offrent pas à leurs résidents la possibilité de sortir librement. La raison de cet enfermement est la propre sécurité des résidents. En effet 42% d’entre eux (2007) souffrent de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée qui les conduit à se mettre en danger s’ils sortent de la maison de retraite. Ces dernières, sous peine de voir leur responsabilité engagée en cas d’accident, doivent donc prendre des mesures pour prévenir ces accidents. Selon une étude menée par la fondation Médéric Alzheimer, 88% des établissements ont des « mesures de protection » pour ces résidents fragiles. Celles-ci peuvent être de trois natures.
Les mesures pour sécuriser les résidents fragiles
La première mesure, mise en avant par M. Delarue, est de clore les accès de la maison de retraite. Ainsi les personnes qui voudraient fuguer ne le pourraient pas. Cette méthode, simple de réalisation pose évidemment le problème de la liberté des résidents à aller et venir. D’autant que cette interdiction touche parfois l’ensemble des résidents et pas seulement ceux susceptibles de fuguer.
La seconde solution consiste à surveiller de plus près ces résidents, c’est-à-dire d’allouer plus de personnels pour ces résidents. Cette option, très souvent mise en œuvre est limitée par son coût mais aussi par la fiabilité de la surveillance car le personnel se retrouve souvent en sous effectif pour assurer cette tâche.
La troisième solution enfin est d’utiliser les nouvelles technologies pour sécuriser le résident. Il en existe deux types.
Le premier type de solutions est l’installation de capteurs au niveau des sorties. Les résidents sont alors équipés d’un dispositif (RFID dans les vêtements, bracelet…) qui permet au capteur de reconnaitre le résident et d’émettre une alerte si la personne n’a pas d’autorisation. Cependant, d’une part, cela nécessite une installation de capteurs à toutes les portes, ce qui pour de vieux établissements peut s’avérer couteux et complexe. Et d’autre part, cela signale uniquement la porte de sortie mais pas la position de la personne, ce qui potentiellement peut mener à de longues recherches, dangereuses pour le résident.
La seconde solution consiste à équiper le résident d’un système de géolocalisation qui peut prendre la forme d’un patch, d’une balise, d’un collier, d’un bracelet ou d’une ceinture. Ce système est muni d’un GPS et permet donc d’avoir accès à la position du résident. Le principe est simple, lorsqu’un résident jugé à risque s’écarte de la maison de retraite, une alerte est déclenchée. L’alerte est transmise sur le réseau de communication GSM (des téléphones portables) vers un standard qui prévient la maison de retraite. Ces systèmes permettent de maintenir la liberté d’aller et venir du résident tout en le sécurisant à tout instant. Ces systèmes sont aujourd’hui freinés dans leur adoption à cause d’un défaut majeur : leur autonomie énergétique. En effet, leur batterie se décharge très vite et nécessite une recharge tous les deux jours en moyenne. Pour le personnel, cela représente un vrai risque que le système tombe en panne pendant la sortie.
À quand un dispositif de géolocalisation qui aurait une grande autonomie de batterie ?
Sources : Observatoire National de la Fin de Vie (rapport 2013), Le Monde, Le Nouvel Obs, Interview de M. Delarue (Europe 1), Sites internet des sociétés fournisseur de services de géolocalisation